Tous les articles par Patrice

Aux sources de la science-fiction russe moderne

Il est temps pour nous de revenir à nos premières amours, avec un récit de science-fiction, hélas inachevé, mais d’une importance rare pour l’histoire du genre, non seulement en Russie, mais sans doute au-delà.

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Le Soulèvement des machines, du grand poète Valeri Brioussov a été rédigé en 1908. Mais l’auteur l’a laissé en plan dès le chapitre deux, juste après avoir eu le temps, cependant, de mettre en place son univers futuriste. Et quel univers: téléphone, radio, télévision, réseaux, tout y est, jusqu’à cette conscience nouvelle qui pousse les machines à la révolte contre l’homme.

Le caractère inachevé et la brièveté du fragment fait qu’évidemment nous ne publions Le Soulèvement des machines qu’en numérique. Mais pour ceux que la pensée futuriste de Brioussov aura intéressés, nous ne pouvons que conseiller la lecture de ses autres oeuvres de science-fiction traduites en français: une pièce de théâtre, La Terre, parue dans notre anthologie Dimension URSS chez Rivière Blanche, et une poignée de nouvelles dans le recueil Les Derniers martyrs, paru chez l’éditeur québécois Keruss. L’ensemble est brillamment traduit par André Cabaret, qui a largement contribué à la redécouverte de cet auteur dans l’Hexagone.

Valeri Brioussov

Le Soulèvement des machines

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Édition numérique

1,29€. Disponible sur KoboAmazon Kindle, Google Play et Lulu.com

Octopolis, en un lointain futur.

Les machines, reliées en réseau à une centrale, obéissent aveuglément à l’homme qui ne sait même plus comment elles fonctionnent. Mais voilà que la révolte gronde.

Court récit resté hélas inachevé, Le Soulèvement des machines de Valeri Brioussov, rédigé en 1908, est un texte visionnaire dans lequel se trouve en germe nombre de thèmes devenus classiques de la science-fiction.

Traduit du russe par Viktoriya et Patrice Lajoye

Nikolaï Lvov et la France

Nous écrivions dans notre préface aux Nouvelles Contemporaines de Nikolaï Lvov, que nous avons été dans l’impossibilité totale de retrouver les originaux en russe de ces textes, et qu’il était bien possible qu’au moins certains d’entre eux aient été rédigés directement en français.

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Jean-Paul Bourdon nous a écrit quelques mots à ce sujet, qui vont dans le sens de cette dernière hypothèse :

«Il est certain que ces nouvelles ont été écrites directement en français par Nikolaï Lvov, ça se voit à tous les paragraphes, entre autres, grâce aux innombrables erreurs de vocabulaire et d’expressions qu’il emploie et aux mots qui n’existent pas en français. La note d’Alexandre Baschmakoff [signalant la publication en russe d’une des nouvelles] (p. 169) est peut-être même un artifice littéraire pour créer un effet de réalité.

Cette langue bizarre va surprendre énormément les Français de France, du moins ceux qui connaissent la littérature du XIXe siècle et du début du XXe siècle: c’est le français des Russes de Saint-Pétersbourg, comme nous avons celui des Belges, des Suisses et des Québécois. Cependant, Lvov maîtrise tellement naturellement la langue française par ailleurs que ces incongruités ne gênent pas la compréhension de l’ensemble.

Lvov emploie encore des mots français qui n’ont plus cours chez à cette époque, comme le verbe «mander» (p. 37) qu’on trouve à toutes les pages des lettres de Mme de Sévigné, «gripper le raton» (p. 16) et «tranchées», qui entraîne même un calembour (un peu scatologique) digne de l’almanach Vermot: «Et le premier obus qui creva à une centaine de pas de moi, me causa des tranchées qui n’avaient rien de commun avec celles de l’ennemi» (p. 117).

Il est certain aussi que Nikolaï Lvov (et tous les intellectuels qu’il fréquente) connaît parfaitement bien la France, sa géographie (plusieurs de ses régions et de ses villes), son histoire, sa langue (même s’il la charge perpétuellement de scories très bizarres), son mouvement intellectuel et même ses lois. Plusieurs nouvelles mettent en scène des personnages de Français ou se passent carrément en France. C’est un fait remarquable et ce n’est pas par hasard. Voici des détails qui montrent qu’il connaît parfaitement ce qui se passe en France :

• «C’est toujours lui qui […] rachetait les joyaux déposés chez la tante» (p. 74). Il aurait dû écrire «chez ma tante». Cette expression d’argot française est récente, elle est datée de 1823. Lvov la connaît. Pas mal, non?

• Il est aussi au courant de cette coutume française sur le flagrant délit d’adultère qui consiste à acquitter le mari qui tue sa femme s’il la surprend au plumard avec un autre (mais l’inverse n’est pas vrai). Lvov signale cette particularité p. 81 et 148.

• Lvov fait allusion par exemple aux francs-tireurs dans la nouvelle qui se passe pendant la Commune de Paris. Ce nouveau terme de «francs-tireurs» s’est répandu justement après la Commune de 1870 et à propos de ce soulèvement populaire. Un franc-tireur est un civil qui prend les armes et qui combat sans faire partie d’une armée. Attitude qui a scandalisé tous les militaires de l’époque. Dans un ouvrage paru presque aussitôt, Gobineau, triste sire anti-démocrate, anti-républicain, anti-peuple et théoricien raciste des races, a fustigé ces civils qu’il conseillait de fusiller sur place. Le franc-tireur, c’est la très grande angoisse des conservateurs à l’époque (si le peuple se soulève et s’arme, où va-t-on, ma brave dame?). L’auteur était parfaitement au courant de ce débat en France. Bravo Lvov!

• Lvov cite même l’opérette française nunuche Les Cloches de Corneville (1877) qui se passe en Normandie et où l’on chante, entre autres, «Vive le cidre de Normandie»! Imaginez Lvov écoutant ça à Pétersbourg…

Ce recueil de nouvelles illustre parfaitement les formidables relations entre la France et les écrivains et les intellectuels de Pétersbourg à cette époque.»

Jean-Paul Bourdon

3 juin 2015

Fin du concours « Sherlock Holmes en Sibérie »

Et voilà, c’est la fin du concours consacré à Sherlock Holmes en Sibérie.

Neuf personnes en tout nous ont signalé leur partage en commentaire, dont huit pour une participation réelle.

Nous avons donc demandé à notre fille de nous dire un chiffre de 1 à 8. Elle a choisi le 6. Le gagnant est donc: Pat!

Merci de bien vouloir nous envoyer votre adresse postale par email (lingva.france@gmail.com). Nous vous enverrons votre exemplaire dès que le livre sera paru, ce qui ne devrait plus tarder.

Merci à tous pour votre participation!

Jeunes, anarchistes et révolutionnaires à Saint-Pétersbourg

Il est temps de publier la deuxième partie de ce diptyque artificiel que nous avons appelé « Les étudiants ». À la différence du personnage central de Pacha Toumanov, qui était un parfait crétin, ceux des Ombres du matin, de Mikhaïl Artsybachev sont intelligents, et motivés à rendre le monde meilleur. Idéalistes, humanistes, ils embrassent clairement la cause anarchiste, et certains d’entre eux rejoindront le mouvement révolutionnaire.

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Mais arriveront-ils forcément à quelque chose de mieux que Pacha Toumanov? On connaît la position nihiliste de Mikhaïl Artsybachev, aux yeux de qui même les autres nihilistes ne trouvent pas grâce.

Court roman psychologique, Les Ombres du matin nous offre un portrait fascinant de trois étudiants russes du début du XXe siècle, à l’aube de la révolution. Malgré le volume de cette œuvre, nous avons fait le choix de ne la faire paraître qu’en numérique, et ça aussi, c’est une révolution.

Mikhaïl Artsybachev

Les Ombres du matin (Les étudiants – 2)

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Édition numérique

2,99€. Disponible sur Kobo, Amazon Kindle, Google Play et Lulu.com

Dans les deux nouvelles regroupées artificiellement sous le nom de Les Étudiants, à savoir Pacha Toumanov (1901), et Les Ombres du matin (1905), Mikhaïl Artsybachev, faisant preuve d’un nihilisme total, s’attaque avec une vigueur rare aux étudiants, qui du haut de leur jeunesse pensent pouvoir révolutionner le monde, et qui finalement ne valent pas grand chose, soit parce qu’ils sont trop naïf, ou incultes, ou réellement bons à rien…

Ils sont trois adolescents de province, dans le court roman Les Ombres du matin: Pacha, Lisa et Dora. Trois idéalistes qui rêvent d’avoir une vie meilleure et de changer le monde. Qu’à cela ne tienne: ils seront étudiants… humanistes… anarchistes… révolutionnaires! Mais tout n’ira pas forcément comme ils le souhaitaient, dans cette ville froide qu’est Saint-Pétersbourg.

Traduit du russe par Albert Touchard Texte révisé par Viktoriya et Patrice Lajoye

Époque – Salon du livre de Caen

Malheureusement, nous n’avons pas été parmi les heureux gagnants du tirage au sort qui a déterminé le choix des éditeurs présents au Salon du Livre de Caen, rebaptisé cette année « Époque ».

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Cependant, une bonne part de notre catalogue se trouvera sur la table commune gérée par la librairie Brouillon de Culture. Donc, amis caennais et bas-normands, n’hésitez pas à vous y rendre! Le salon est gratuit et se tiendra de demain à dimanche soir.

Pour plus d’informations, c’est ici.

Viktoriya et  Patrice Lajoye

Ilya Mouromets. Contes en prose

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Édition numérique: 1,99€ (tarif pour la France). Disponible sur KoboAmazon Kindle, Google Play et Lulu.com

Ilya Mouromets est un héros russe ancien essentiellement connu par les bylines, des chants épiques. Mais il a existé aussi des versions en prose, plus anciennes et parfois plus archaïques, non seulement en Russie, mais aussi en Biélorussie et en Estonie.
Textes traduits du russe et du biélorusse. Viktoriya Lajoye est philologue, diplômée de l’Université de Voronej (Russie); Patrice Lajoye est docteur en Histoire des Religions comparées et travaille au CNRS.

Du nouveau sur Ilya Mouromets

Ilya Mouromets est le grand héros du folklore russe. Bien que connu essentiellement par des chants épiques, on dispose cependant à son sujet de sources secondaires qui ne sont pas moins importantes: ainsi en est-il contes en proses. Ces contes, pour ce qui concerne la Russie, nous ont été préservés sur des manuscrits du XVIIIe siècle et des feuillets de colportage imprimés du XVIIIe et du XIXe siècle.

Mais la légende d’Ilya Mouromets a aussi largement dépassé la seule Russie. On s’en doutait déjà lorsqu’on sait que sa momie est toujours présente dans les catacombes de la Laure de Kiev. Ainsi, des contes le concernant ont été collectés en Biélorussie et en Estonie.

Anacharsis

Après avoir traduit en français l’essentiel des chants le concernant (Ilya Mouromets et autres héros de la Russie ancienne, 2009, Toulouse, Anacharsis; Sadko et autres chants mythologiques des Slaves de l’Est, 2015, Lisieux, Lingva), nous avons donc travaillé sur cinq de ces contes: deux russes, deux biélorusses et un estonien. Les voici en édition numérique.

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